Nous voici déjà le deuxième dimanche de carême. Nous sommes invités à vivre de la foi par laquelle nous croyons que Jésus le Christ est mort et ressuscité pour nous et qu’il nous a donné sa vie. C’est cette vie que nous avons reçue au baptême et que le temps du carême nous est donné pour la rendre plus forte. Le premier et le grand exemple du croyant dans la Bible est Abraham dont le livre de la Genèse (1ère lecture) dira : « Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ». C’est la première apparition dans la Bible du mot « foi » mais ce mot est manifestement lié au salut : Abram est sans descendance, lui et sa femme sont âgés, ils n’ont plus d’espoir. Or Dieu lui promet une descendance « aussi nombreuse que les étoiles » et, nous l’avons entendu «je te bénirai. Je rendrai grand ton nom ». Et à cette descendance Dieu donnera un pays. Abram parce qu’il a cru en la promesse divine a accepté l’alliance que Dieu lui propose. Il s’est mis en route parce qu’il a cru et sa vie a été changée. Tout au long de sa prédication Jésus dira à ceux qui lui ont fait confiance : « Ta foi t’a sauvé ». Cette Parole est pour nous aussi en n’oubliant pas qu’Abraham n’a pas eu tout de suite la réalisation de la promesse mais il a continué sa marche dans la foi. Nous avons, nous aussi, à poursuivre notre route dans la confiance.
Le Psaume exprime cette confiance : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut » il reprend ainsi l’affirmation solide de notre foi que nous proclamons: JE CROIS, SEIGNEUR. Mais pour vivre dans cette confiance il y a la nécessité de « tenir bon » dans la foi : « sois fort, sois fidèle » chantons-nous et le psaume dit « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage » En ce temps de Carême nous devons tenir bon pour nous préparer à accueillir la lumière de Pâques. L’apôtre Paul dans ce passage de l’Epitre aux Philippiens les exhorte à rejeter les conduites contraires à la foi pour faire confiance et avancer dans la foi car Dieu nous a sauvés par Jésus, Notre acte de foi reconnaît Jésus comme notre Sauveur et croire en Lui c’est l’aimer et aimer notre prochain. La foi chrétienne n’est pas un vague sentiment religieux ou un concept séduisant, elle est un « oui » total à la personne de Jésus vivant, ressuscité, qui me fait vivre. Elle passe par l’acceptation de la croix, c’est-à-dire, une vie conforme à ce que demande Jésus.
L’évangile de la Transfiguration révèle aux trois apôtres Pierre, Jacques et Jean qui est vraiment Jésus et ce qu’il va vivre. Les apôtres avaient commencé à connaître Jésus, ils avaient écouté son enseignement, vu et admiré ses miracles, et Pierre venait de le reconnaître comme le « Messie Sauveur, le Fils de Dieu ». Moïse et Elie représentent les Ecritures, la Loi et les prophètes. Alors la voix de Dieu peut s’exprimer : « celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». Cet épisode essentiel de la révélation de ce que va vivre Jésus de sa passion à sa résurrection nous ramène bien sûr à notre acte de foi. Pourquoi ?
-Parce qu’il précise qui est vraiment Jésus et comment nous devons en approcher le mystère
-Parce qu’en présentant Jésus de Nazareth, qui va vers sa mort, transfiguré dans la gloire de Dieu, ressuscité et illuminé de la lumière divine, il nous dit où nous allons si nous avançons avec lui, il nous dit notre salut : « Le Seigneur Jésus transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (2ème lecture)
– Mais cette « transfiguration » n’est pas seulement la promesse du futur avec le Christ : « Nous sommes déjà transfigurés ou, du moins, en train de l’être. Comment ? Par la prière, par la grâce du baptême et de tous les sacrements, par la Parole de Dieu, tout cela nous faisant vivre du Christ ressuscité. Cette vie est la vie chrétienne, c’est la foi en pratique, c’est un chemin qui passe par :
-l’inattendu de Dieu et la disponibilité de l’homme « pars de ton pays » a-t-il été dit à Abraham
-le combat spirituel : « tenez bon dans le Seigneur » nous dit Saint Paul
-l’acceptation de la croix comme un passage vers la gloire avec le Christ
Croire aujourd’hui au Christ mort et ressuscité, prier comme Il nous apprend à le faire, pratiquer les sacrements de la foi, vivre en fidélité avec l’Evangile, est, sans aucun doute, une marche difficile au milieu du monde. Chrétiens, catholiques, nous avons à entrer dans ce combat de la foi. Ce combat contre soi-même, contre les opinions à la mode, en face de la déconstruction méthodique de la personne humaine, en face des attaques contre la foi catholique. Ne soyons pas naïfs : le démon, le Satan (cf. dimanche dernier) est à l’œuvre et le combat est rude. Nous le connaîtrons pire encore ! Tout cela pourrait nous décourager …mais dans le désert spirituel où nous nous perdons le monde a besoin de témoins de la foi qui « tiennent bon dans le Seigneur ». Regardons la liberté du pape François et son annonce audacieuse de la foi : comme Jésus il nous dit « relevez-vous, n’ayez pas peur ». Le Seigneur nous appelle à être ces témoins qui, debout, annonçons la Bonne Nouvelle. Amen !
+Monseigneur Bernard Ginoux