L’Eglise catholique en France et ailleurs, dans ses instances les plus diverses vit des moments difficiles que des médias sans souci de justice et de vérité tendent à aggraver. Il en résulte un malaise dans le clergé comme chez les fidèles. Que faire devant ce qui semble une tempête ?
Le devoir d’un chrétien est de ne pas se contenter d’informations saisies au hasard de l’écoute d’une radio ou d’une chaîne de télé ou des infos de son I-phone. Il est nécessaire de s’informer correctement, de ne pas se contenter de nos a priori ou de parcourir distraitement les feuilles d’un journal qui ne fait que reprendre les infos transmises par les agences de presse et qui n’en fait pas une analyse sérieuse. S’informer demande du temps et la volonté de ne pas se contenter de l’à-peu-près. En ces temps où circulent beaucoup de « fake news » (fausses nouvelles) la vérité est une quête à partir de principes fondamentaux. Il y a lieu de reconnaître quelle vision de l’être humain sous-tend le discours lu ou entendu. Lorsque des lois imposent des réformes opposées à la vie humaine, à la distinction des sexes, à la procréation fruit de l’union de l’homme et de la femme, au respect inconditionnel de toute vie humaine, elles ne peuvent être acceptées par une conscience chrétienne.
Faire la vérité
De même lorsque, à des personnes en désarroi, on promet qu’un changement de sexe les libérera on les trompe et les thérapeutes savent bien que ces personnes vont porter lourdement un tel choix. L’idée de ce que je voudrais être alors que je ne le suis pas, le refus de soi, ne peut pas conduire au bonheur car il y a un déni permanent de mon être. Notre devoir est d’avertir ces personnes sincères des risques qui vont naître de telles expériences. Il en est de même lorsque les lois rendent licite la conception d’un enfant dont le père ou la mère serait nié au profit d’un « parent 1 » ou « parent 2 ». Ce n’est pas la foi qui le dit, c’est le bon sens et la nature humaine. Evidemment, quand on nie l’existence d’une nature humaine, tout devient possible. C’est alors que les esprits sont troublés et se laissent emporter à « tout vent de doctrine » (Saint Paul). A chacun de nous la volonté de ne pas nous rendre complices des mensonges qui se présentent sous une apparente vérité. Par exemple, sous prétexte de donner du bonheur, accepter qu’une personne conçoive un enfant par PMA ou GPA, donc en le privant volontairement d’un des deux parents dans des conditions morales inacceptables. On ne parvient pas à la vérité d’un acte en se contentant de bons sentiments. N’oublions pas l’adage ancien qui dit que « l’enfer est pavé de bonnes intentions », repris de ce qu’écrivait saint Bernard « l’enfer est plein de bonnes volontés et désirs »
Vaincre toute peur
Dans notre décision de vivre du Christ qui conduit son Eglise nous pouvons revenir à cet évangile de saint Matthieu (8, 23-27) où les disciples sont dans la barque. La barque subit la tempête, les disciples se sentent perdus, la traversée du lac devient périlleuse et Jésus dort paisiblement à l’arrière. Terrorisés par la situation ils le réveillent. Et Jésus calme les éléments déchaînés. Aujourd’hui nous pouvons nous sentir dans la tempête au cœur de cette barque qu’est l’Eglise du Christ.
Dans l’Eglise catholique : le manque de prêtres, la diminution très forte de la pratique sacramentelle, les abus sexuels, les scandales à répétition, des livres et des films qui attaquent l’Eglise, des médias qui font de la surenchère… nous désarçonnent et engendrent la peur de se dire catholiques et de témoigner. Dans la société civile, les familles éclatées, la situation économique toujours difficile – surtout pour les plus modestes, les 6 millions de chômeurs, les souffrances du monde paysan, la crise des gilets Jaunes, l’incapacité du gouvernement à agir, tout cela met de l’inquiétude chez nos fidèles comme chez les autres.
Nous éprouvons le même sentiment que les disciples dans cette barque : la peur, l’inquiétude, l’incapacité à faire face. N’oublions pas que le récit évangélique dit pourquoi les disciples étaient dans la barque avec Jésus. Il leur avait dit : « Allons sur l’autre rive » (Matthieu 8,18). Il nous faut nous aussi avancer pour aller où le Seigneur nous veut. Pour nous « l’autre rive » c’est la vie nouvelle dans le Christ. L’Eglise dont nous sommes les membres vit un temps de purification. Nous découvrons enfin que nous sommes un « peuple de pécheurs » appelé à la conversion. Les turbulences de la barque ne s’arrêteront que quand nous ferons confiance au Christ, que nous nous sanctifierons, que nous serons fidèles. Réveillons-nous au lieu de nous replier sur nous-mêmes en cultivant nos peurs. Et relisons la parole de Jésus à ses disciples au moment où il apaise l’agitation des flots : « Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? » (Matthieu 8,26). Le Carême vient (6 mars), voici le temps favorable pour que le Christ chasse nos peurs.