L’EGLISE DE SAINT-ANTONIN NOBLE VAL
d’après le Dictionnaire des Paroisses de P. GAYNE (1978) (Sancti Antonini, 1083) Saint-Antonin s’est appelé Condat (Condatensi pago : 1184) du gaulois condate, confluent.
Saint-Antonin est une vieille cité que la beauté de son site a fait surnommer Noble Val, et dont la longue histoire raconte qu’elle participa par ses troubadours à la brillante civilisation méri-dionale, que ce fut au Moyen-Age un centre commercial important, au 16e siècle une petite république huguenote et au 18e une station thermale élégante. On pense qu’elle s’éleva autour des murs d’une abbaye fondée en 763 par des moines bénédictins, puis soumise à la règle de Saint-Augustin en 1090. L’église de ce monastère acquit une véritable notoriété du fait qu’elle possédait une partie des reliques du saint Martyr apaméen qui passe pour avoir évangélisé le pays et lui a donné son nom.
Cette église, située au bord de l’Aveyron, fut reconstruite sans doute au début du lIe siècle et détruite par les Calvinistes en 1570. On a retrouvé des restes de colonnes et des chapiteaux archaïques qu’on a pu attribuer à l’époque pré-romane; il semble qu’ils aient fait partie d’un édifice à trois nefs dont les ruines encore debout en 1687 attestaient l’importance. Plus récemment a été restauré l’ancien cellier du monastère dont on a fait une chapelle.
Une autre église a usage paroissial fut élevée à l’intérieur de la ville. Elle était dédiée à saint Michel et dépendait de l’abbaye dont le prieur était vicaire perpétuel. Elle fut ruinée en 1562 par les Protestants qui en utilisèrent une partie pour leur servir de temple. En 1622 le chapitre, successeur de l’abbaye, reprit possession de l’édifice et le répara de façon à le rendre convenable pour la célébration du culte catholique. Mais cette église assez informe du 17e siècle, outre qu’elle était insuffisante pour une population atteignant alors 3 500 âmes, était peu solide, et on la jugeait par surcroît peu adaptée à son usage parce qu’elle n’avait guère de style. En 1844 le conseil de fabrique, appuyé par la commune et approuvé par l’évêque, décida d’en construire une autre.
On songea d’abord à transférer à Saint-Antonin l’église de l’ancienne abbaye cistercienne de Beaulieu ; le projet, soutenu par Viollet-le-Duc, reçut un commencement d’exécution, mais les difficultés de transport et de reconstitution s’avérèrent vite insurmontables. On chargea alors Théodore Olivier de donner le plan d’un édifice entièrement neuf ; ainsi fut élevé dans le style gothique du Nord l’église actuelle, commencée en 1862 et consacrée le 2 octobre 1872.
Elle se compose d’un chœur à sept pans précédé d’une travée droite, d’un transept, et d’une nef de cinq travées flanquée de collatéraux et prolongée en outre par une travée supplémentaire plus courte. De plus le transept se prolonge de part et d’autre par une chapelle qui ouvre aussi sur le chœur. Les arcs ont un profil torique, les supports ont des chapiteaux ornés de crochets et de feuillage.
La façade, située au midi et terminée en pignon, est percée d’un portail à voussures dont le tympan sculpté reproduit la légende de l’arrivée miraculeuse des reliques de saint Antonin sur une barque.
A gauche s’élève le clocher, tour carrée de deux étages, qui s’amortit par une belle flèche octogonale gamie de crochets et sommée d’un fleuron. Des arcs-boutants ajourés servent à contre buter les murs.
Le mobilier a été renouvelé, mais garde quelques pièces anciennes notamment un calice (18e s.) ; une croix de procession en cuivre (18e s.) ; un reliquaire en argent (18e s.) ; un aigle en bois doré servant de support à un lutrin en fer forgé ; un antiphonaire manuscrit avec l’office propre de saint Antonin (18e s.) ; et une croix de confrérie en bois (18e s.). On peut mentionner aussi le tableau de Fauconnier qui présente en nocturne la légende de la barque, et les vitraux à médaillons du chœur où les rouges et les bleus dominants sont un pastiche du 13e siècle.
La population a fortement diminué depuis 1865 où elle comptait pour la paroisse seule 3 300 habitants. Saint-Antonin était une cure de 1ère classe desservie par un curé et trois vicaires. Il ya toujours une communauté protestante répartie naguère en deux confessions différentes. La ville compta avant la Révolution un certain nombre d’établissements religieux. La maison des chanoines réguliers ou Génovéfains qui formaient le chapitre, reconstruite en 1738, est devenue la mairie.
Il ne reste rien du couvent des Cordeliers, fondé en 1227, pas plus que de celui des Carmes, venus en 1300. L’ancien couvent des Capucins subsiste encore ; c’est une construction du 17e s. qui fut utilisée comme école et pensionnat de filles au 19e s. par les dames de Saint-Maur ; la chapelle convertie en garage, se composait de deux travées voûtées d’arêtes.