Voir Dieu à Moissac
ou le Tympan de l’Abbatiale Saint-Pierre
La sculpture du tympan de Moissac s’inspire librement de la vision
que saint Jean rapporte au chapitre 4 du livre de l’Apocalypse.
« Je fus saisi par l’Esprit et je vis une porte ouverte dans le ciel. Un trône était dressé et, siégeant sur le trône : Quelqu’un… Autour du trône, vingt-quatre trônes sur les quels siégeaient vingt Anciens vêtus de blanc. Ils portaient sur leur tête des couronnes d’or et chacun tenait une harpe et une coupe d’or pleine des parfums qui sont les prières des saints… Autour du trône, quatre animaux : le premier ressemblait à un lion, le deuxième à un taureau, le troisième avait un visage d’homme et le quatrième ressemblait à un aigle qui vole. Ils ne se donnaient de repos ni le jour ni la nuit, disant : Saint ! Saint !Saint, le Seigneur Dieu de l’univers, Celui qui était, qui est et qui vient ! »
Saint Jean, dans la lignée des “théophanies” (les apparitions divines) du Premier Testament, s’inspire du prophète Ezéchiel (Ez 1) qui fait apparaître les Vivants, les quatre animaux représentant le monde créé, et d’Isaïe (Is 6) où nous trouvons le “trisagion”, le chant au Dieu trois fois saint.
Depuis saint Irénée, la tradition chrétienne a vu dans les quatre animaux, le “tétramorphe”, les symboles des évangélistes. Quand, vers 1130, un sculpteur de génie réalise ce grandiose chef d’œuvre, le “Quelqu’un”siégeant sur le trône de gloire, est le Christ Jésus. Nous sommes devant une “Christophanie“. Voici, au centre du tympan de Moissac comme il est au centre de la foi chrétienne, le Christ Resssucité de Pâques !
Voir Dieu est le rêve impossible de l’homme, puisque Dieu est invisible. Il a dit à Moïse : « Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut pas voir Dieu sans mourir. » (Ex 33)Or Dieu s’est fait homme, il a pris un Visage, il s’est donné à voir et les vingt-quatre Anciens dont tous les visages sont tournés vers leur Seigneur, au lieu d’en mourir, sont vivants à jamais dans une adoration éternelle.
Je lève les yeux vers Toi, mon Seigneur.
(Ps 121/1)
Fais lever sur nous, Seigneur, l
la lumière de ta face.
(Ps 4/6)
Sur nous tous, Seigneur,
que s’illumine ton visage.
(Ps 4/7)
Combien de temps, Seigneur,
me cacheras-tu ta face ?
(Ps 12/2)
Et moi, je verrai ta face !
Au matin, je me rassasierai de ton visage.
(Ps 16/15)
Voici le peuple de ceux qui te cherchent,
qui cherchent ta face.
(Ps 23/6)
Joie éternelle devant ta face, Seigneur. (
Ps 15/11)
Toutes les familles de la terre
se prosterneront devant ta face, Seigneur.
(Ps 22/27)
Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu très-haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité au long des nuits,
sur la lyre à dix cordes et sur la harpe,
sur un murmure de cithare.
(Ps 91/2-4)
Des palais d’ivoire, la musique t’enchante.
(Ps 44/9)
Éveillez-vous, harpe, cithare,
que j’éveille l’aurore.
(Ps 56/9)
Jouez, musiques, frappez le tambourin,
la harpe et la cithare mélodieuse
(Ps 80/3)
Chacun tenait une harpe
et une coupe d’or
pleine des parfums
qui sont les prières des saints.
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur. (
Ps 116/13)
Mon cœur m’a redit ta parole :
Cherchez ma face.
(Ps 26/8)
C’est ta face, Seigneur, que je cherche ;
ne me cache pas ta face.
(Ps 26/9)
De tout cœur,
nous cherchons ta face.
(Dn 3)
Vers toi j’ai les yeux levés,
vers toi qui es au ciel.
(Ps 122/1)
Cherchez sans fin
la face du Seigneur. (
Ps 104/4)
Je regarde vers toi,
Seigneur mon Maître.
(Ps 140/8)
Texte et photos Pierre Sirgant