«Combiner l’efficacité et l’efficience avec un développement durable intégral, l’inclusion et l’éthique», telle est la noble tâche fixée par les membres de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontefice. S’adressant aux participants aux «Dialogues pour une finance intégralement durable» qu’il a reçus en audience ce lundi, le pape François les a invités à «promouvoir des actions spécifiques en vue d’un changement pour le bien commun, ainsi que la culture du dialogue comme méthode et style à suivre».
«L’argent doit servir et non gouverner». Tel est le cœur du discours prononcé ce lundi matin par le Pape François lors de son audience avec les participants aux «Dialogues pour une finance intégralement durable», promus par la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice, en collaboration avec Prospera-Progetto Speranza.
L’initiative a été développée à Milan au cours des deux dernières années, avec l’objectif «pas facile» – a rappelé le Souverain Pontife – d’«initier un dialogue entre la finance, l’humanisme et la religion ». En particulier, le travail avait un «objectif principal»: «raisonner avec les hautes sphères du monde de la finance sur la possibilité que l’engagement à faire-bien et celui à faire-le-bien puissent aller de pair. En d’autres termes, combiner l’efficacité et l’efficience avec un développement durable intégral, l’inclusion et l’éthique».
Réformer la finance sans ignorer l’éthique
Dans cette perspective, a ajouté le Pape, le magistère social de l’Église peut «représenter une boussole», à condition de regarder «le fonctionnement de la finance pour en dénoncer les faiblesses et imaginer des correctifs concrets». Ainsi, a observé le Saint-Père, ceux qui, comme les participants aux «Dialogues», sont familiers des processus financiers, ont «un grand mérite, mais aussi une grande responsabilité, et c’est à vous de trouver comment faire reculer l’iniquité». Car, a-t-il expliqué, «une réforme financière qui n’ignore pas l’éthique nécessiterait un changement d’attitude vigoureux de la part des dirigeants politiques. L’argent doit servir et non régner» (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 58).
“J’ai entendu un jour un critique politique dire: «Dans ce pays, on gouverne avec les poches». C’est moche…”
Le sort et la dignité des plus pauvres sont en jeu
Le Souverain Pontife a appelé de tous ses vœux les membres de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice à «promouvoir des actions spécifiques concrètes en vue d’un changement pour le bien commun, car il en va du sort des plus pauvres, de ceux qui luttent pour trouver les moyens d’une vie digne». À cet égard, le Pape a cité l’exemple des «monts-de-piété», qu’il a décrit comme «une grande incitation à aider les plus pauvres sans tomber dans la logique welfariste», mais en privilégiant les prêts pour permettre aux personnes de travailler et de retrouver ainsi «leur propre dignité».
En effet, a poursuivi le Saint-Père, «aider les pauvres avec de l’argent devrait toujours être un remède temporaire pour faire face aux urgences. Le véritable objectif doit être de leur permettre de vivre dignement par le travail».
L’importance du dialogue pour vaincre la technocratie
Un autre exemple cité par François est celui des théologiens espagnols qui, au XVIe siècle, connaissaient le monde du commerce de la laine et étaient capables de «donner des évaluations éthiques», appelant à «des actions précises de changement pour le bien commun». Un exemple qui, selon le Pape, reste valable aujourd’hui pour générer «un changement de paradigme».
Puisque le paradigme technocratique reste dominant, il faudrait une nouvelle culture, a fait savoir François, «capable de faire place à une éthique, une culture et une spiritualité suffisamment solides». Et la méthode et le style à suivre, a-t-il conclu, doivent être ceux du dialogue, car «le dialogue est toujours la meilleure voie, y compris pour améliorer la maison commune».
Source : Vatican News