Extraits de l’autobiographie du Pape, «Espère», un mois avant sa parution

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Publié le 18 décembre 2024

Quelques extraits de l’autobiographie du Pape intitulée «Espère», à paraître en janvier dans plus d’une centaine de pays -en France chez Albin Michel, ont été rendus public ce mardi 17 décembre, marquant le 88ème anniversaire de François. Le Souverain pontife y raconte son enfance à Buenos Aires, l’enseignement reçu du «concentré d’humanité» des périphéries urbaines, puis le souvenir du voyage historique en Irak, en 2021, au milieu des difficultés logistiques et des alarmes sécuritaires.

Isabella Piro – Cité du Vatican

Ce mardi 17 décembre, jour du 88e anniversaire du Souverain pontife, plusieurs journaux italiens publient avec presque un mois d’avance plusieurs extraits de l’autobiographie du Pape, coécrite depuis 2019 avec Carlo Musso, ancien directeur éditorial de Piemme et de Sperling & Kupfer, puis fondateur de l’éditeur indépendant Libreria Pienogiorno. Ils portent sur le «concentré d’humanité» des villas miserias, les bidonvilles de Buenos Aires, et sur la «blessure au cœur» qu’a représenté sa visite en l’Irak en 2021. Le livre, publié par Mondadori, paraîtra le 14 janvier dans plus de 100 pays du monde.

Enfance dans le barrio Flores

«Quand on me dit que je suis un Pape paysan, je prie simplement pour en être digne», dit François en se remémorant ce «microcosme complexe, multiethnique, multireligieux et multiculturel» qu’est le Barrio Flores, le quartier de Buenos Aires où il a vécu son enfance. Ici, «les différences étaient normales et nous nous respections les uns les autres», se souvient François, qui évoque des groupes d’amis catholiques, juifs et musulmans, sans distinction.

«Madeleines contemporaines»

Le Pape se souvient de rencontre avec des prostituées, image du «côté plus sombre et fatigant de l’existence» qu’il a connu dès son enfance dans les banlieues argentines. Lorsqu’il est devenu évêque, Mgr Bergoglio a célébré la messe pour certaines de ces femmes qui avaient entre-temps changé de vie. «J’ai été prostituée partout, lui confie l’une d’elles, Porota, même aux États-Unis. Je gagnais de l’argent, puis je suis tombée amoureuse d’un homme plus âgé, il était mon amant, et quand il est mort, j’ai changé de vie. Aujourd’hui, j’ai une pension. Et je vais laver les vieux hommes et les vieilles femmes dans les maisons de retraite qui n’ont personne pour s’occuper d’eux. Je ne vais pas beaucoup à la messe. J’ai tout fait avec mon corps, mais maintenant je veux m’occuper des corps dont personne ne se soucie». Une «madeleine contemporaine», dit François. La Porota l’a appelé une dernière fois, depuis l’hôpital pour recevoir l’onction des malades et la communion, peu avant sa mort. «Elle allait bien», écrit le Pape, «comme les publicains et les prostituées» qui «vous précèdent dans le royaume de Dieu» (Mt 21, 31). «Aujourd’hui encore, le jour de sa mort, je n’oublie pas de prier pour elle», narre François.

Amitié avec le «Padre Pepe»

Autres madeleines, les souvenirs des détenus qui fabriquaient des brosses pour les vêtements, ou le récit de la naissance de son amitié avec Don José de Paola, dit «Padre Pepe», curé de la Virgen de Caacupé, à Villa 21, et soutenu avec écoute et proximité par le futur Pape à un moment de crise vocationnelle. Dans ces quartiers de la périphérie de la ville, où «l’État est absent depuis quarante ans» et où la toxicomanie est «un fléau qui multiplie le désespoir», là – répète le Souverain pontife – «dans ces périphéries qui, pour l’Église, doivent toujours être le nouveau centre, un groupe de laïcs et de prêtres comme le père Pepe vivent et témoignent chaque jour de l’Évangile, parmi les laissés-pour-compte d’une économie qui tue».

La religion n’est pas l’opium du peuple

Une réalité difficile d’où il ressort clairement que la religion n’est pas du tout, comme certains le disent, «l’opium du peuple, un récit rassurant pour aliéner les gens», répète le Pape. Au contraire, c’est précisément «grâce à la foi et à cet engagement pastoral et civil» que les villas «ont progressé de manière impensable, malgré d’énormes difficultés». Et «comme la foi, chaque service est toujours une rencontre, et c’est surtout nous qui pouvons apprendre beaucoup des pauvres».

Le voyage en Irak et «la blessure au cœur» de Mossoul

Du drame des villas à celui de l’Irak dévasté par le conflit, le regard de François ne change pas, il reste toujours empreint d’attention et de soin pour une humanité blessée. De cette visite historique effectuée du 5 au 8 mars 2021 – la première d’un Pape dans le pays – François évoque «la blessure au cœur» que représente Mossoul. «L’une des villes les plus anciennes du monde débordante d’histoire et de traditions, qui avait vu l’alternance de différentes civilisations au fil du temps et avait été un emblème de la coexistence pacifique de différentes cultures dans un même pays – Arabes, Kurdes, Arméniens, Turcomans, Chrétiens, Syriaques -, s’est présentée à mes yeux comme une étendue de décombres, après trois ans d’occupation par l’État islamique, qui en avait fait son fief». Survolé en hélicoptère, le territoire est apparu comme «la radiographie de la haine, l’un des sentiments les plus efficaces de notre époque».

Les fruits empoisonnés de la guerre

De ce voyage, François se souvient du contexte organisationnel difficile, dû à la fois à la persistance de la pandémie de Covid-19 et à la question de la sécurité. «Presque tout le monde me l’avait déconseillé… mais, écrit-il, j’ai senti que je devais me rendre sur la terre d’Abraham, l’ancêtre commun des juifs, des chrétiens et des musulmans».

François ne cache pas avoir reçu des informations de la part des services secrets britanniques concernant deux attentats à la bombe en préparation lors de sa visite à Mossoul. «L’un des kamikazes était une femme, bourrée d’explosifs, l’autre se trouvait dans une camionnette. Tous deux ont été interceptés et tués par la police irakienne avant qu’ils ne réussissent. Cela aussi m’a beaucoup frappé», a souligné François, «c’est aussi le fruit empoisonné de la guerre».

L’exhortation à privilégier la raison et non le conflit

Dans toute cette haine, cependant, le Pape a entrevu une lumière d’espoir dans la rencontre avec le Grand Ayatollah Ali al-Sistani, le 6 mars il y a trois ans, à Nadjaf. Cette rencontre que «le Saint-Siège préparait depuis des décennies» s’est déroulée dans une atmosphère fraternelle dans la maison d’al-Sistani, «un geste qui, en Orient, est encore plus éloquent que les déclarations, que les documents, parce qu’il signifie l’amitié, l’appartenance à la même famille. Cela m’a fait du bien à l’âme et m’a fait me sentir honoré»explique François. De l’Ayatollah, le Souverain pontife rappelle en particulier «l’exhortation commune aux grandes puissances à renoncer au langage des guerres, en donnant la priorité à la raison et à la sagesse», et cette phrase, qu’il porte en lui «comme un cadeau précieux»: «Les êtres humains sont soit frères par la religion, soit égaux par la création».

Outre le livre Espère, la vie du pape François sera également racontée dans un film basé sur un deuxième ouvrage Life. Mon histoire dans l’Histoire, une autobiographie coécrite avec Fabio Marchese Ragona et publiée en mars dernier par la maison d’édition HaperCollins.

Source : Vatican News

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