Homélie prononcée par Monseigneur Alain Guellec, le 15 janvier dernier, lors de sa messe d’installation.
Nous sommes sortis du temps de l’Avent et de Noël et voici que l’Évangile de ce Dimanche nous donne de retrouver la grande figure de Jean le Baptiste, celui qui appelait les foules à la conversion pour préparer la venue du Messie.
Jean Baptiste reconnaît le Messie, l’envoyé de Dieu, lors du baptême dans le Jourdain. C’est ainsi qu’il dit, en voyant Jésus venir vers lui :
“Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.”
Le Baptiste a reçu la révélation du mystère du Christ. Il ne se contente pas de reconnaître Jésus, il l’annonce et il en témoigne :
“Oui, j’ai vu et je rends ce témoignage : c’est lui, le Fils de Dieu.“
Jean Baptiste nous éclaire sur notre mission de chrétiens aujourd’hui. Il nous faut nous le dire et le redire : chacun de nous est appelé à témoigner de la foi qui l’anime et qui porte son existence. Témoigner pour permettre à d’autres de faire une rencontre avec le Fils de Dieu qui donne à la vie une orientation nouvelle et décisive.
Spontanément, on définit un témoin comme quelqu’un qui a vu ou entendu un fait. Or, dans le Nouveau Testament, le sens s’élargit. Bien sûr, le mot « témoin » y garde sa signification première quand on affirme, par exemple, que les Apôtres sont témoins des actes et des paroles du Christ, de sa mort et de sa résurrection.
Dans un sens encore plus fort, un témoin est plus que quelqu’un qui a vu ou entendu un fait. C’est quelqu’un qui, dans la foi, a personnellement rencontré Jésus. Quelqu’un qui fait l’expérience de sa présence dans sa vie. Un témoin est quelqu’un qui laisse transparaître ce qui l’habite, et qui donc laisse le Christ passer à travers ses gestes et ses paroles.
Comme l’écrivait le pape Benoit XVI, à qui nous tenons encore à rendre hommage aujourd’hui :
« À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. Jésus Christ est la Vérité faite Personne, qui attire le monde à Lui. La lumière qui rayonne de Jésus est splendeur de la vérité. Toute autre vérité est un fragment de la Vérité qu’Il est et renvoie à Lui. Jésus est l’étoile polaire de la liberté humaine : sans Lui, celle-ci perd son orientation, car sans la connaissance de la vérité, la liberté se dénature, s’isole et se réduit à un arbitraire stérile. Avec Lui, on retrouve la liberté, on reconnaît qu’elle tend vers le bien et s’exprime à travers des actions et des comportements de charité. »
Cette conviction de foi est le programme missionnaire de l’Église et il nous incombe de le mettre en œuvre. Ce programme nous est donné dans La joie de l’Évangile, dans cette belle exhortation du pape François, dont je rappelle les premières lignes :
« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie nait et renait toujours ».
Frères et sœurs du diocèse de Montauban, en inaugurant mon ministère parmi vous et pour vous, c’est à la joie de la mission que je vous invite, vous qui, comme nous l’a rappelé saint Paul, êtes par appel de Dieu, “le peuple saint avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ“.
Cette joie se vit simplement lorsque nous sommes en communion les uns avec les autres, c’est-à-dire quand nous nous efforçons dans un dialogue vrai, de nous écouter et d’accueillir, dans le respect de nos diversités, les dons que le Seigneur a déposés en chacun pour le bien de tous. Cette joie est visible quand nous nous soutenons mutuellement et quand nous nous aidons à grandir dans la foi, la charité et l’espérance.
Nous n’avons pas de temps à perdre dans des querelles internes qui nous font nous replier sur nous-mêmes et qui n’engendrent que méfiance, acrimonie et tristesse. Il y a autre chose de bien plus important à faire, et, cette autre chose n’est rien d’autre que la mission et l’annonce de l’Évangile pour permettre à tous ceux qui n’ont pas encore reçu cette grâce de pouvoir, eux aussi, rencontrer le Christ, le Sauveur du monde, la lumière qui brille dans les ténèbres.
C’est ce désir passionné et passionnant qui doit mobiliser nos énergies et c’est cet élan missionnaire qui renouvellera nos communautés chrétiennes. L’Église ne se renouvelle pas en se regardant elle-même, en étant centrée uniquement sur elle, mais en gardant le cap de la mission. Le sort de l’évangélisation est lié au témoignage d’unité donne par l’Église et dans l’Église par tous ses membres. Aucun croyant dans le Christ ne peut se sentir étranger à cette responsabilité qui provient de l’appartenance au corps sacramentel du Christ.
Celui qui vous parle n’est ni un idéaliste, ni un naïf, mais un pasteur qui veut, avec vous, continuer à faire rayonner la joie de l’Évangile sur cette terre de Tarn-et-Garonne, à la suite de bien d’autres qui ont travaillé ici et nous leur sommes redevables. Alors, continuons la route et n’ayons pas peur non plus de renouveler nos manières de faire, en nous laissant guider par l’Esprit Saint.
Permettez-moi encore, en conclusion, d’emprunter au pape François cette belle invitation qui nous place devant l’essentiel de ce qui nous est demandé :
« J’invite chaque chrétien en quelque lieu et situation où il se trouve à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ, ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui parce que personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur ».