Le Christ est présent derrière les barreaux

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Publié le 16 juillet 2020

SERVIR

 « Nous sommes appelés à servir tous les êtres humains car chacun porte en lui l’image de Dieu. »


Sophie Drouot est aumônier de la Maison d’arrêt de Montauban depuis 2012 et aumônier régional depuis deux ans. Pour elle, être auprès des pauvres et des exclus, c’est le cœur de la mission de l’Eglise.

Généralement, quand on parle de diaconie, de service en Eglise, on pense aux démunis, aux sans-abris, aux malades, rarement à l’aumônerie de prison. Comment l’expliquez-vous ?


Je pense que c’est un lieu qui met mal à l’aise, qui peut susciter le jugement. Et pourtant la mission de l’Eglise c’est d’être auprès des pauvres, des exclus. Et ici nous sommes avec les exclus des exclus. Je l’ai découvert avec cette mission.

Dans quelles circonstances avez-vous été appelée ?

C’est Benoit Toulemonde, mon prédécesseur, qui a fait appel à moi. Précédemment j’avais été en charge du catéchuménat et de la formation, des services assez éloignés du monde carcéral ! Par contre j’étais formée à l’accompagnement ce qui s’avère très utile. Mais il n’en reste pas moinsque j’allais vers l’inconnu.

Pourquoi avoir accepté ?

Difficile de répondre à cette question mais je dirais tout simplement que j’ai senti comme un appel, une sorte de « Viens et vois ». Avant de dire oui, j’ai d’abord fait partie de l’équipe associée pendant un an, c’est-à-dire que je participais aux deux messes mensuelles. J’ai ainsi pu faire connaissance des personnes vers qui j’étais envoyée et peu à peu j’ai ressenti de l’enthousiasme. Et puis je ne suis pas seule dans cette mission, je la partage avec Jean-Paul Aragon et Serge Blazy, l’aumônerie c’est une équipe.

Comment définiriez-vous cette mission ?

Tout d’abord il est important de rappeler que nous sommes missionnés à la fois par l’Eglise et par l’administration pénitentiaire. En quelque sorte l’aumônerie de prison fait le trait d’union entre le monde carcéral et l’Eglise diocésaine et locale. C’est une mission d’écoute essentiellement mais également un lieu de découverte des Ecritures et de la foi pour certains détenus.

Comment est-ce que cela se manifeste ?

Je dirais que nous sommes témoins de l’action de Dieu dans le cœur de ces personnes, un Dieu qui apprend le pardon et qui pardonne. Dans ce contexte bien particulier, les mots ont une toute autre résonnance. Prenez le mot « liberté » par exemple, certains découvrent son sens profond, alors qu’ils sont enfermés entre quatre murs ! Beaucoup sont en rupture complète avec leur vie et grâce au partage de la Parole, grâce à l’écoute, quelques-uns voient l’occasion de reprendre pied, de retrouver du sens. Notre rôle est d’accompagner cela. Et nous sommes témoins de l’amour de Dieu pour ces personnes détenues. Je dirais même que nous devons les recevoir comme un don de Dieu.

La prison est donc lieu d’évangélisation ?

Bien sûr mais il faut bien comprendre cette expression. Quand j’entends parfois dire qu’on porte le Christ aux détenus, je ne suis pas vraiment d’accord. Personnellement, après sept ans de mission, je préfère dire qu’en prison, je rencontre le Christ. Je pense que le Christ est déjà là et, en disant cela, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec le catéchuménat que je connais bien. J’y vois la même démarche. Je suis envoyée par l’Eglise, d’une certaine manière, je porte l’Eglise mais le Christ, lui, me précède et ma mission est de le révéler.

Vous mentionniez deux messes par mois. Diriez-vous que ce sont des moments importants ?

Je dirais même qu’on y vit l’essentiel ! Quelques-uns ont une certaine pratique, pour d’autres c’est une découverte totale et pourtant ils sont là. Je crois que le moment le plus fort est le geste de paix. Dans ce lieu, là aussi c’est un mot qui prend tout son sens. Ils comprennent que c’est la paix du Christ qu’ils reçoivent et c’est très fort de les voir se la transmettre les uns aux autres. J’ai une sincère admiration pour ces hommes qui vivent dans une certaine promiscuité, qui ont connu, engendré la violence et arrivent quand même, dans ces conditions, à vivre une certaine fraternité.

La messe est la seule occasion de rencontrer des détenus ensemble ?

Non, un partage biblique est également proposé une fois par semaine et donne souvent lieu à des échanges très riches. La Parole agit, bouscule, transforme parfois ces personnes. Nous sommes vraiment témoins de l’action de Dieu chez nombre d’entre eux. Même si c’est un peu compliqué car on ne reste pas forcément longtemps dans une maison d’arrêt, il arrive aussi que certains demandent et reçoivent un sacrement d’initiation. Pour toutes ces raisons, pour tout ce dont nous sommes témoins en ce lieu, la place de l’Eglise est là, c’est essentiel.

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